Le nom [bomor] se cache souvent là où on ne l'attend pas... ou comment porter un nom jugé morbide et ne pas se prendre au sérieux !
Le nom [bomor] se cache souvent là où on ne l'attend pas... ou comment porter un nom jugé morbide et ne pas se prendre au sérieux !
On a beau dire que [bomor] est un nom rare, c'est fou le nombre d'endroits dans le monde où il apparaît, sous une forme ou une autre !
Commençons donc par l'endroit le plus directement lié à notre nom et à nos origines : il s'agit d'un hameau de la commune de La Croix-sur-Gartempe appelé tout simplement... Chez Beaumort ! On ne sait pas précisément quel [bomor] donna son nom à ce lieu, une simple ferme isolée, plus proche de Saint-Sornin-la-Marche que de La Croix même ; ce pourrait être Martin BAUMORT, le plus ancien [bomor] connu à La Croix, décédé en 1662. Quoi qu'il en soit, le fait qu'on ait ainsi nommé ce lieu prouve trois choses : 
tout d'abord que le BEAUMORT en question était le seul [bomor] des alentours à l'époque ; qu'il s'y était installé en un lieu probablement non-habité avant lui ; et que l'endroit et/ou le personnage était suffisamment important pour que les gens de l'époque éprouvent le besoin de le nommer. La carte de Cassini établie sur l'ordre de Louis XV et achevée en 1815, comporte hélas la faute classique, puisque le lieu y est appelé "Chez Beaumont" par erreur...
Non loin de là, plus au sud, on trouve Bois Mort (anciennement Boismort), qui fait partie de la commune de Blond. Il n'existe pas d'autre toponyme équivalent en Basse-Marche, mais il y a un Bosmoreau-les-Mines en Creuse, dans le canton de Bourganeuf, connu autrefois pour l'exploitation de la houille. (voir ce site)
Très loin de là, mais avec une étymologie pourtant similaire, on trouve le Bois Morel (prononcé et parfois écrit Beaumore, mais aussi bos Morel, BoisMorel ou Boys Morel) parmi les hameaux de la Chapelle Saint-Pierre, dans l'Oise. Une vieille carte du 17ème siècle, à l'époque où le hameau était encore rattaché à la commune d'Ully-Saint-Georges, porte Bomoré, tandis que le cadastre de 1712 comporte l'orthographe Beaumoré. (voir ce site)
Il n'y a aucune raison de penser qu'il ait pu y avoir le moindre rapport entre ce toponyme et son homologue basse-marchois, si ce n'est qu'ils veulent probablement dire la même chose. D'ailleurs jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas de preuve que ce toponyme [bomor] des terres d'oil ait donné naissance à quelque patronyme que ce soit.
Enfin, on trouvait aussi, dès le début du 18e siècle au moins, un hameau appelé Beaumoret (ou Beaumorais), sur la commune de La Celle-les-Bordes (aujourd'hui dans les Yvelines (voir ce site).
Allez donc savoir pourquoi... toujours est-il qu'il existerait, dans les montagnes du Haut-Var, un mont Beaumort, haut de 622 m ! Encore au sud, mais carrément à l'opposé, direction la commune de Boumourt, dans les Pyrénées-Atlantiques. Appelée d'abord Bulmor, puis Bolmor et Bomort au 12e siècle, puis encore Boeu-Mort sous Gaston Fébus au 14e siècle, le nom viendrait, selon les versions, soit de "bul mour", deux mots signifiant une cîme ou un mont, soit tout simplement du bois mort. La commune ne prendra le nom de Boumourt qu'au 18e siècle, même si le panneau touristique "Bomort" figure toujours au-dessous de l'autre... (voir ce site)
L'espagne nous propose plusieurs toponymes [bomor] : un sommet appelé Cap del Boumort situé en Catalogne, et dont l'étymologie pourrait peut-être se rapprocher de celle de Boumourt, dans le Béarn, ainsi qu'une Sierra de Boumort, mentionnée d'ailleurs comme "Beaumort" 
dans un ouvrage allemand de 1929 ; et deux districts de la Galice appelés Boimorto, dont le plus important est mentionné dès l'an 994 sous la forme Boue mortuo, puis en l'an 1292 comme boy morto (voir ce site).
Ce district de la province de Coruña, d'où est issue la chanteuse Luz CASAL, représente rien moins que le plus ancien toponyme [bomor], tous pays confondus, et fournit peut-être même l'explication la plus scientifiquement plausible du patronyme [bomor]. A cet égard, l'étude toponymique faite par Fernando HEAD en 1992 dans l'hebdomadaire La Voz de Galicia, laquelle évoque à la fois la probable origine celte du nom (formé sur deux racines évoquant pierres et rochers) et sa fausse latinisation (qui ferait plutôt penser à un boeuf) (voir ce site), est prodigieuse, et j'en proposerai prochainement une adaptation succinte.
Comme je l'expliquais au chapitre sur l'étymologie du nom, il y a eu des patronymes [bomor] en Ecosse et en Irlande depuis assez longtemps, mais cela est tout aussi vrai des toponymes correspondants. Ainsi trouve-t-on trace du monastère de Beaumore, près de Colpe en Irlande, dont il ne subsiste que des ruines ; une voie appelée Beaumore Road est située dans la ville de Drogheda, dans le même pays ; et encore un mont appelé Beaumore, au sud du pays.
Dans sa forme plus anglaise, le nom est celui d'une petite ville écossaise, Bowmore, qui a bien entendu donné son nom à un whisky renommé auprès de tous les spécialistes de cette boisson. Chef-lieu de l'île de Islay, elle est célèbre pour son église ronde ("afin que le diable n'ait aucun coin pour s'y cacher"). 
C'est aussi là qu'eut lieu l'édition 2003 du championnat européen des pêcheurs à la mouche ! Pour un 360° virtuel saisissant du port de Bowmore, vu depuis la jetée, avec en fond sa distillerie de whisky connue jusqu'au Japon, allez visiter cette page du site PeatFreak.
Pour finir, outre un Bowmore en Caroline du Nord (non loin d'une province nommée Scotland, d'ailleurs), il semblerait qu'il y ait au moins un ou deux lieux appelés Beaumort aux Etats-Unis, mais qui sait ? Peut-être les erreurs de frappe ont encore... frappé ! Quand au Baumort présent dans plusieurs adresses postales allemandes, il ne faudrait apparemment rien y voir d'autre que le mot allemand composé de "Baum" et de "Ort", autrement dit "le lieu de l'arbre"...