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LES BEAUMORD DE BELLAC

Une branche frappée de malchance

La famille des BEAUMORT de Bellac est tout d'abord, contrairement aux autres, clairement localisée (tous sont nés dans cette ville), peu étendue dans le temps, parfaitement cohérente quant à l'écriture du nom (tous des BEAUMORT) et surtout incroyablement frappée par le malheur.

Cette branche naquit lorsque Louis BEAUMORT, plus jeune des enfants du couple François BEAUMORD-Marie LARAT, né en 1809 au Dorat, partit s'installer à Bellac comme charpentier et y épousa Marguerite MOREAU (qu'on trouve aussi écrit MORAUD sur les premiers actes). La branche de Bellac est donc la petite soeur de celle de Cromac (dont l'aïeul, Léonard, était le frère de Louis), même s'il semble que leurs destins ne se croisèrent guère.

Entre 1834 et 1851, Louis et Marguerite eurent pas moins de sept enfants, donc cinq moururent en bas âge :

1°) Jacques BEAUMORT, né en 1834 et décédé en 1842.
2°) François BEAUMORT, né en 1837, qui vécut et eut une descendance.
3°) Jacques Antoine BEAUMORT, né en 1840 et décédé la même année.
4°) Jean Baptiste BEAUMORT, né en 1842 et décédé en 1847.
5°) Un second Jean Baptiste BEAUMORT, né en 1845 et décédé lui aussi en 1847.
6°) Maria BEAUMORT (appelée "Marie"), née en 1849, et décédée trois mois plus tard.
7°) Louis François Emile BEAUMORT, né en 1851, qui vécut mais dont la destinée ne nous est pas encore connue.

Le second de ces enfants, François (parfois appelé "Emile" dans les actes), reprit le métier de charpentier de son père, et il épousa d'abord en 1860 à Bellac une couturière, Louise VALENTIN, dont il eut cinq enfants ; et là, la malchance frappa de nouveau puisque trois des cinq enfants décédèrent avant d'atteindre l'âge de deux ans :

1°) Elisabeth BEAUMORT, née en 1861, qui mourut l'année suivante.
2°) Rose BEAUMORT, née en 1862, qui vécut, travailla comme servante, puis épousa en 1883 un boulanger breton, Louis-Marie LE MÉCHET, originaire de Loges-Baucher dans le Morbihan. Elle lui donnerait trois enfants : Justin, Emile et Marie.
3°) Désiré BEAUMORT, né en 1864, qui vécut lui aussi, et partit s'installer à Rochefort où il se maria et eut une descendance qui vivait encore dans les années 80, mais dont la trace n'a pu être retrouvée jusqu'à ce jour. Il y décéda en 1945.
4°) Léonard BEAUMORT, né en 1867, et qui vécut trois semaines à peine.
5°) Marie BEAUMORT, née en 1872, qui décéda à deux mois et demi, trois semaines à peine après sa mère.

François se remaria en 1875 avec Claudine NERVÈZE.

Est-ce parce que, contrairement à Louise, elle ne travaillait pas, que Claudine avait pu s'occuper mieux de ses enfants et empêcher la série noire de se poursuivre ? Ou bien Louise avait-elle souffert d'une santé fragile ? Toujours est-il que les deux bambins que François eut avec Claudine vécurent :

6°) Théodore BEAUMORT, né en 1876, qui vécut et devint gardien de la paix. Marié lui aussi à Rochefort en 1900 à Marcelline BARREAU, le couple monta sur Paris, vivant tout d'abord dans le 4e arrondissement (rue Mornay, puis au 1 rue Castex). C'est là qu'ils eurent leurs deux enfants, Marcelle et Charles, dont nous parlerons plus loin. Théodore fut ensuite promu inspecteur de police. Le couple s'installa plus tard à Nogent-sur-Marne, au 14 rue Paul Bert, où ils tinrent une boulangerie. L'histoire ne dit pas comment un inspecteur de police peut devenir boulanger, si ce n'est que ce métier était semble-t-il dans la famille de Marcelline, et Théodore commença sans doute par la seconder. Il décéda en 1935 à Nogent.
7°) Rosa BEAUMORT, née en 1879, dont on ne sait rien ou presque, si ce n'est qu'elle vécut, et fut probablement cette tante de Marcelle qui avait travaillé un temps comme ouvreuse à Paris.

Musique, amours et ironie du sort

Marcelle Jeanne BEAUMORT naquit en 1903 dans le 4e arrondissement de Paris. Belle jeune fille animée d'une âme d'artiste et d'un esprit aventureux, elle quitta à 16 ans le domicile familial, et, ayant obtenu un 1er prix de Conservatoire, devint pianiste solo et se produisit en concert durant l'entre-deux guerres.

Elle avait épousé en 1921 Guy Albert BIBAULT, musicien comme elle, un chef d'orchestre dont le frère tenait le célébrissime Olympia. Le couple aurait vécu un temps à La Garde-sur-Mer, dans le Var. On imagine aisément la vie insouciante et le goût du luxe de cette artiste cotée et de ce chef d'orchestre, fils de bijoutiers de La Rochelle. Marcelle en garderait toute sa vie le goût des bijoux et l'habitude de vivre avec de l'argent. Hélas, Guy était un noceur qui passait ses nuits dehors, et le couple commença à battre de l'aile, si bien qu'un divorce fut prononcé en 1932... ce qui n'empêcha pas les anciens époux de rester amis.

Pendant la seconde guerre, Guy vécut à Strasbourg avec ses amis les JUPEAU. Il mourut jeune, étant très malade. Sans doute présentée à Lionel JUPEAU par Guy lui-même, Marcelle l'épousa en 1942 à Sartrouville, où elle demeurerait ensuite toute sa vie. Elle qui n'avait pas eu d'enfant de Guy, se retrouva enceinte cette fois, mais fit une fausse couche. A la quarantaine passée, il eut été sans doute imprudent de réessayer, et le couple n'eut donc pas d'autre enfant que ceux du premier mariage de Lionel, dont Marcelle devint la belle-mère. Comme Guy, Lionel était un musicien, doublé d'un chanteur. Il vécut jusqu'à 87 ans, et Marcelle 86 ans.

L'ironie dans la vie et la mort de Marcelle est multiple : tout d'abord, bien que belle et pleine de talent, elle ne put avoir d'enfants ; ensuite, bien qu'elle ait été mariée deux fois, elle avait un caractère indépendant, et aurait au fond préféré de loin vivre seule ; et enfin, elle qui aimait les richesses eut toute sa fortune dérobée (par des cousins non-identifiés) après son décès...

Un drôle de frère...

Charles Théodore BEAUMORT, second enfant de Théodore et Marcelline, naquit en 1908, également dans le 4e arrondissement. Employé de bureau avant-guerre, il avait aussi hérité d'un peu de la fibre artistique qui caractérisait sa soeur, puisqu'il avait fait du théâtre. Mais le destin allait être cruel : après avoir été rappelé 14 mois sous les drapeaux pour une période de réserve en 1937-38, il fut incorporé comme tant d'autres en septembre 1939 mais eut l'infortune d'être fait prisonnier en juin 1940 à Montreux-Vieux, dans le Haut-Rhin. Il passa alors en Allemagne cinq années de déportation au Stalag IIB. A son retour, il reprit la boulangerie familiale de Nogent-sur-Marne, mais dès 1950, il était domicilié à Sartrouville, comme sa soeur. Il pourrait bien être ce boulanger BEAUMORT rencontré à Vitry, peut-être dans les années 1950.

Est-ce les conditions difficiles de la guerre qui l'avaient changé ? Le peu d'informations dont nous disposons ensuite à son sujet se résument en tout cas à un état signalétique délivré à son sujet en 1955 ainsi que des avances homosexuelles à un adolescent... Voilà qui aurait fait se retourner dans sa tombe l'aïeul Louis, dont tant de descendants étaient morts jeunes, s'il avait vu qu'un des derniers espoirs de poursuivre la lignée partait ainsi en fumée.

 

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